Birmanie, décembre 2015

OLYMPUS DIGITAL CAMERA
Quels changements ?
Après les élections du 8 novembre et la victoire de la LND, la prochaine étape est l’examen des comptes de campagnes, avant la passation de pouvoir, 45 jours après le scrutin. De par la constitution le pouvoir sera partagé avec les militaires (25 % des sièges et les principaux ministères) qui sont très présents aussi.

Le déboisement. Photo Marchés d'Asie

Le déboisement. Photo Marchés d’Asie

Huit groupes ethniques seulement sur 21 ont signé un accord avec le gouvernement en 2015. Dans l’état Shan, les combats se poursuivent dans l’indifférence générale. Les jeunes fuient. Outre la violence des combats, les villages doivent fournir nourriture aux armées présentes.

En Arakan, la situation n’a pas changé depuis mai 2012 et les musulmans venus du Bengladesh de la ville sont toujours dans le camp à l’extérieur de Sittwe.

Dans son discours d’investiture le Président Thein Sein s’était engagé à faire de la lutte contre la pauvreté sa priorité. Si le taux de croissance annoncé, d’environ 9 % ces dernières années est un signe positif pour le gouvernement, le nombre de personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté a augmenté (expropriations, inflation galopante…).
Des choses ont changé, c’est vrai : à Rangoon, mais c’est très loin d’être le cas partout, l’accès à l’hôpital est gratuit, comme les examens et les médicaments. Les équipements ont été modernisés et le personnel médical bénéficie de formations et de mises à niveau. Les salaires, ceux des fonctionnaires au moins, ont augmenté, mais pas assez.

Pourquoi les gens s’appauvrissent-ils ?
Après des années de discussions, le gouvernement et les directeurs d’usines travaillant pour le gouvernement sont parvenus en 2014 à un accord sur le salaire journalier à 3600 Kyats, (18 000 / semaine, 72 000 Kyats / mois, soit environ 68 dollars), pour un contrat très précaire, journalier, insuffisant pour vivre. Mais une fois l’accord signé, les entreprises ont supprimé pour leurs salariés le petit déjeuner et le déjeuner ainsi que les transports, faisant chuter les revenus. Par ailleurs, stagiaires, apprentis… avaient déjà des revenus partiels, entre 1 500 et 2500 Kyats.

Depuis 2014, de grands chantiers de routes ont été mis en route ; ce sont souvent les jeunes, garçons et surtout filles, qui cassent les cailloux, les répartissent sur la route, portent les seaux de goudron sous le soleil, dorment sous des tentes en plastique et déplacent leur campement selon l’avancement du chantier. Leur salaires n’est pas le même partout, au mieux 30 000 Kyats par mois (28 US$). A Mrauk U, des jeunes filles interrogées travaillaient depuis deux jours (décembre 2014) sans savoir quel serait leur salaire.

Autre exemple, les femmes en charge du ménage du marché central de Rangoon reçoivent un salaire mensuel, pas identique pour toutes, mais autour de 10 000 Kyats (1$ = 1250 Kyats en novembre 2015), salaire qui ne permet pas de se nourrir. A leur demande de réévaluation, on leur répond que ce travail leur offre de nombreuses opportunités, comme de revendre les bouteilles d’eau en plastiques trouvées dans les poubelles ou de trouver de l’argent par terre, perdu par les visiteurs…