Total en Birmanie

English version below

Le projet Yadana concerne l’exploitation par Total, Chevron Corp., la société thai PTT et la compagnie birmane Moge, d’un gisement de gaz de 150 milliards de m3 de gaz naturel dans le golfe de Martaban ainsi que le transport par gazoduc (409 km majoritairement sous-marin) jusqu’en Thaïlande.

Total détient 31 % des actions du projet et apparait comme soutien moral du gouvernement. Earth Rights International affirme en 2009 que « le projet Yadana a généré 4,83 milliards de dollars au régime birman, argent investi à Singapour et non versés au budget national.

Le projet est critiqué d’une part en raison des sanctions économiques mises en place suite aux violations des droits de l’Homme dans le pays mais aussi parce que la région du projet est peuplée par la minorité Karen, en lutte contre le gouvernement. Pour mettre en place le projet au début des années 1990, les offensives se multiplient contre la guérilla Karen. L’armée est renforcée dans la région, sécurisant le couloir terrestre du gazoduc sur 65 km, les violations des droits de l’Homme nombreuses. Des plaignants parlent de torture et de travail forcé sur le site du projet, violations que la société Total ne peut pas ignorer. Des réfugiés Birmans accusent Total d’avoir utilisé le travail forcé. En 2002, 2 Birmans, âgés de 13 et 23 ans au moment des faits en 1995 déposent une plainte en France contre Total. Ils disent avoir  été recrutés de force par l’armée pour le chantier de Yadana.

« La firme française Total est devenue le principal soutien du système militaire birman » déclare Aung San Suu Kyi à Frédéric Bobin pour Le Monde en 1996.

B. Kouchner s’en mêle !

En 2002, B. Kouchner accompagne Christine Ockrent, venue faire un portrait de Aung San Suu Kyi. Au retour, sollicité par les avocats de Total, Me Jean Veil, il crée la société BK Conseil qui charge l’unique salarié, B. Kouchner, d’une mission financée par la société Total, Il visite la zone de Yadana, alors que la quasi-totalité des sociétés occidentales boycottent la dictature et publie un rapport en septembre 2003.  Le rapport pointe des investissements dans 13 villages (dispensaires et écoles), sans aller plus loin et blanchit Total ! Rémunéré 25 000 euros, B. Kouchner écrit : « Rien ne me laisse à penser que le groupe ait pu prêter la main à des activités contraires aux droits de l’homme «  » Je suis sûr à 95 % que les gens de Total ne sont pas capables de ça, ce ne sont pas des esclavagistes ».

Htoo Chit, porte-parole de 6 plaignants en France,  regrette que  » ce rapport cherche à faire croire que la présence de Total en Birmanie est positive. » Pourquoi avoir refusé de voir la réalité du travail forcé, incluant celui d’enfants ? M. Kouchner a balayé du revers de la main la réalité de cet esclavage de centaines de Birmans avec un argument incroyable : les tuyaux du pipeline seraient trop lourds pour être portés par des enfants…
Plusieurs documentaires et le témoignage de l’ex chef de la sécurité de Total sont accablants. Plaidant la prescription des faits et l’irrecevabilité de la plainte, les avocats de Total  soulignent qu’aucun des plaignants n’est encore venu dans l’Hexagone et leurs plaintes ont été rapportées par Htoo Chit, seul Birman à avoir été entendu par le juge.  Pourtant, Total préfèrera négocier un accord conclu en 2005 avec l’association Sherpa qui représente les plaignants visant à dédommager toute personne victime de violation de ses droits sur le chantier.

The Yadana project concerns the exploitation by Total, Chevron Corp., the Thai company PTT and the Burmese company Moge, of a gas deposit of 150 billion m3 of natural gas in the Martaban Gulf as well as the transport by gas pipeline (409 km mostly underwater) to Thailand. Total holds 31% of the shares in the project, the company appears as moral support from the government.
Earth Rights International states in 2009 that « the Yadana project generated $4.83 billion to the Burmese regime, money invested in Singapore and not paid into the national budget. 

The project is criticized on the one hand because of the economic sanctions put in place following the human rights violations in the country but also because the project area is populated by the Karen minority, fighting against the government.
To set up the project in the early 1990s,  offensives multiplied against the Karen guerrilla. The Burmese army is reinforced in the region, securing the land corridor of the pipeline and numerous human rights violations have been reported.
Complainants talk about torture and forced labour on the project site, violations that Total cannot ignore. Burmese refugees accuse Total of using forced labour. In 2002, 2 Burmese, aged 13 and 23 years at the time of the facts in 1995 filed a complaint against Total in France. They say they were forcibly recruited by the army for the Yadana project.

«The French firm Total has become the main support of the Burmese military system» declares Aung San Suu Kyi to Frédéric Bobin for Le Monde in 1996.
In 2002, B. Kouchner accompanied Christine Ockrent, who came to meet Aung San Suu Kyi. On his return, he creates the company BK Conseil (one  employee, B. Kouchner), with a mission asked by the lawyer of Total, Me Jean Veil. He visits the area of Yadana, while almost all Western societies boycotted the dictatorship and published a report in September 2003 showing investments in 13 villages (clinics and schools), without going any further. Total paid 25,000 euros.
B. Kouchner wrote: «Nothing leads me to believe that the group could lend a hand to activities contrary to human rights » I am 95% sure that the people of Total are not capable of this, they are not slave-owners ». 


Htoo Chit, spokesperson for 6 complainants in France, regrets that  » this report seeks to make believe that Total’s presence in Burma is positive. »Why did you refuse to see the reality of forced labour, including that of children? Mr. Kouchner brushed aside the reality of this slavery of hundreds of Burmese people with an incredible argument that the pipes in the pipeline would be too heavy to be carried by children…
Several documentaries and the testimony of Total’s former head of security are overwhelming. Pleading the limitation of the facts and the inadmissibility of the complaint, Total’s lawyers point out that none of the complainants have yet come to France and their complaints were reported by Htoo Chit, the only Burmese to have been heard by the judge.  However, Total prefered to negotiate an agreement reached in 2005 with the Sherpa association, which represents the plaintiffs, to compensate any person who has been the victim of a violation of his rights on the site.