Un pays riche… beaucoup de pauvres

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Un loyer impayé. Photo Marchés d'Asie.

A la rue pour loyer impayé. © C. Dutilleul

La Birmanie est un pays riche en ressources naturelles : cuivre, jade, rubis, or, pétrole, gaz, bois… On y compte pourtant beaucoup de pauvres : près de 27 % en 2010, plus de 36 % en 2014 selon la Banque Mondiale, alors qu’un très petit nombre de privilégiés s’enrichissent sans limites. Depuis le coup d’état du 1er février 2021, les organisations internationales estiment que, en raison de la forte inflation sur les produits de première nécessité, la moitié de la population vivra dans les mois prochains en-dessous du seuil de pauvreté.

Depuis les élections, les médias étrangers mettent l’accent sur les mesures positives. Les questions posées au parlement le montrent : les élus se font relais de la population ; les réformes en cours montrent une volonté de changement de certains  ; d’autres semblent peu décidés à lâcher les intérêts en jeu, montrant en quelque sorte deux évolutions concomitantes et opposées, entre d’une part le Président et les parlementaires favorables aux réformes et d’autre part, les commandements locaux et quelques privilégiés, peu enclins à renoncer à leur pouvoir.

La gouvernance des dernières décennies a mené à l’aggravation de la pauvreté, compte tenu d’une inflation très importante et de salaires inadaptés. Pour les birmans, la précarité économique et sociale est la norme.

En 2014, 75 % de la population n’avait pas accès à l’électricité et, selon The World Ultra Wealth Report, 40 personnes en Birmanie, disposaient de revenus égaux ou supérieurs à US$ 30 millions.

En 2017, le rapport de la Banque Mondiale recense 36,7 % de la population au-dessous du seuil de pauvreté.

Pour en savoir plus :
• 2015, des avancées ?
• Quelques livres
• Chronologie de la Birmanie
• Une économie dans les mains des privilégiés
• La structure de l’État Birman
• Un gouvernement civil ?
• La nouvelle constitution
• Les groupes ethniques
• La Birmanie, entre la Chine et l’Inde
• Les priorités du gouvernement

Depuis l’indépendance, les politiques menées n’ont pas été centrées sur un développement paratagé para tous : il manque encore au pays des valeurs partagées par tous et structurant la nation. La Birmanie a repris sa place au plan international ; une partie des sanctions.
Politique et économie sont étroitement liées. Comment fonctionne l’économie du pays ? Autour de quelles valeurs se construit la nation ? Au fil des voyages et des études, les pièces d’un puzzle complexe et opaque se sont mises en place, montrant l’impact sur les populations les plus précaires et l’environnement.

L’évolution des dernières décennies montre l’émergence d’un petit nombre de privilégiés qui ont mis la main sur l’économie du pays contre des paiements aux généraux. En parallèle, la montée de la pauvreté résulte de l’inflation, de l’exode rural a amené en ville une main d’oeuvre importante et non formée, inemployée par une industrie inexistante.

– Avant 1990 :  colonisation puis période socialiste et fermeture du pays, jusqu’aux manifestationsde 88,  quasi faillite du pays puis ouverture à la Chine et la Thaïlande. Les fortunes viennent de l’illégalité (trafic d’opium et d’amphétamines).

– De 1991 à 2008 : période militaire, avec Ne Win et Than Shwe. Pour donner au pays une apparente normalité, on négocie les cessez-le-feu avec les groupes ethniques avec des accords commerciaux, y compris permettant le développement du commerce et de la production de drogues.  Les privilégiés, en lien étroit avec les généraux, se voient attribuer des faveurs (concessions, droit de monter des entreprises, banques, …) et engrangent des fortunes.

– à partir de 2009 : la préparation des élections pousse de nombreux militaires à démissionner de l’armée. Les changements s’amorcent, avec une pression accrue sur les groupes armés pour qu’ils passent sous autorité Birmane et la forte hausse du nombre de prisonniers politiques (Source : Human Rights Watch). On privatise et, là encore, les privilégiés en profitent.

Dès les élections, on communique sur la libération de nombreux prisonniers, des réformes mènent à la création d’une Commission des Droits de l’Homme, l’organisation de forums économiques pour lutter contre la pauvreté, l’élection d’Aung San Suu Kyi.

Mais quelle est la réalité des précaires ? Les choses ne changent pas pour eux.

Burma is a country rich in natural resources: copper, jade, ruby, gold, oil, gas, wood… However, there are many poor people: nearly 27% in 2010, more than 36% in 2014cc.
While a very small number of cronies get rich without limits, people suffer. Since the elections, the foreign media have focused on positive measures. Elected representatives are relaying the population; the current reforms show a willingness for changes but also two concomitant and opposite developments,  between the President and the pro-reform parliamentarians and, on the other hand, the local commands and a few privileged ones, The governance of recent decades has led to a worsening of poverty, with high inflation and inadequate wages. For Burmese, economic and social insecurity is the norm.
In 2014, 75% of the population did not have access to electricity and, according to The World Ultra Wealth Report, 40 people in Burma had incomes equal to or greater than US$30 million.
The country still lacks values shared by all and structuring the nation. Burma has regained its place at the international level. The evolution of the last decades shows the emergence of a small number of cronies who put the hand on the country’s economy against payments to generals. At the same time, the rise in poverty is the result of inflation, the rural exodus has led to a large and untrained labour force in the city, which is not used by a non-existent industry. –