Juin 2025

Juste avant le départ, nous avons créé l’association Focus Birmanie, association qui a, pour le moment quatre membres. L’objectif est de reprendre les actions de Marchés d’Asie, et de mener de micro-actions contre la précarité.

J’arrive avec un visa touristique et n’ai pas le droit de faire de la politique. La situation dans le pays est très tendue, les combats se rapprochent de Rangoon. L’opposition au gouvernement militaire gagne du terrain mais la Chine a d’énormes intérêts dans le pays et vient d’obtenir l’accord du gouvernement pour sécuriser ses investissements avec des gardes chinois. Elle livre aussi des armes et intervient auprès des armées ethniques sur la frontière Est. L’avenir est très incertain.

A Rangoon, la plupart des hôtels a fermé, les lieux touristiques, les boutiques du marché aussi. L’électricité n’arrive que rarement. Les commerçants survivent. Les Birmans qui en ont les moyens quittent le pays, en particulier les jeunes qui veulent échapper à la conscription obligatoire.

Ceux qui le peuvent partent avec une bourse, les autres passent en Thaïlande ou plus loin en Asie. Dans mon hôtel, il n’y avait que des jeunes qui attendaient un visa. Ceux qui ne peuvent pas partir, les plus vulnérables, sont la cible des ratissages par l’armée et doivent payer des sommes importantes au vu de leurs revenus pour échapper au front.

La précarité s’est élargie à presque toute la population. J’avais identifié une personne, un chauffeur de trishaw, l’an passé, qui serait le contact de Focus Birmanie. Je l’ai retrouvé et nous avons mis en place l’action de cette année. L’urgence était d’équiper les enfants de sa rue d’uniformes et de sacs à dos pour l’école qui commençait deux jours après mon arrivée. Sans uniformes, ils sont renvoyés chez eux. 25 enfants ont été équipés. J’ai rajouté des cahiers et des stylos car le gouvernement ne fournit plus ce petit matériel.

Avec l’arrivée des pluies, trois maisons nécessitaient un nouveau toit. Nous avons acheté des bambous, des tôles, des clous et des rondelles pour consolider les maisons et les rendre étanches. Sur ce point, l’armée est intervenue après mon passage pour dire que je n’avais pas le droit de rentrer dans les maisons (entre autres) et que les gens n’avaient pas le droit d’améliorer leur maison puisqu’ils squattent le terrain. Pour éviter tout problème, nous nous rencontrerons à Rangoon et les maisons seront améliorées de l’intérieur pour que rien ne soit visible.

Enfin, les deux chauffeurs de trishaw rencontrés ce jour-là craignaient de perdre leur outil de travail car les propriétaires ont besoin d’argent et souhaitent les vendre. Les prix des vélos-taxis ont chuté avec l’arrivée des tuktuk motorisés et ne coûtent plus que 100 euros. Nous en avons acheté deux ; ces deux bénéficiaires, au lieu de payer chaque jour une location qui ampute leur revenu d’environ un tiers (2000 Kyats soit 40 cents) gardent tout leur revenu quotidien.

Tous les sachets de graines ont été distribués dans le village de Mawbi où j’ai pu aller avec une amie birmane. C’est un village agricole et les gens étaient heureux de choisir entre les légumes proposés. Plusieurs cultivaient l’indigo, d’autres le riz. Je retournerai les voir à mon prochain passage. Une partie des graines qui n’avaient pas pu être distribuées compte-tenu de l’extrême pollution de Dalla, le village des autres actions, et aussi du fait que je ne pouvais pas me déplacer en raison des affrontements qui ont lieu dés la sortie de la ville ont été données à Hampi, un tout petit village indien dans le centre sud du pays. Les graines, pour les agriculteurs, semblent un cadeau merveilleux.

Au final, je pense repartir l’an prochain, à peu près à la même époque.. D’ici là, beaucoup de choses se seront passées en Birmanie, notamment les élections prévues fin 2025 ou début 2026.

L’association a besoin de renfort, pour le voyage et les financements. Si vous êtes intéressé (e), contactez Chantal Dutilleul à l’adresse chantbirm@hotmail.com